La main au feu: Péril à Shenandoah, #2

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(Note de l’auteure : Si vous n’avez pas lu le tome 1, Le feu aux poudres, il est fortement conseillé de le faire avant de commencer La main au feu.)

Olivia Santos détacha le micro-cravate du col de son débardeur en soie rose et le laissa tomber à l’intérieur de son haut, frissonnant lorsque le fil froid effleura sa peau nue. Puis elle passa la main dans son dos afin de décrocher l’émetteur de la ceinture de son pantalon noir. Elle enroula soigneusement le fil autour du volumineux boîtier rectangulaire et remit l’équipement au stagiaire sono non loin de là.

— Tenez, Sean.

Ce dernier hocha la tête, rouge comme une pivoine.

— Merci, Madame Santos. Vous avez été géniale aujourd’hui.

Elle sourit.

— Ça fait plaisir. Espérons que vos téléspectateurs seront du même avis.

Cade Bracken, l’animateur de Political Preview, s’approcha et le stagiaire déguerpit du plateau comme s’il avait hâte de s’éclipser. Apparemment, les rumeurs sur le caractère de Cade étaient vraies. Il n’avait jamais dévoilé à Olivia son côté agressif, mais c’était une légende.

— Oh, nos téléspectateurs sont d’accord, Olivia. Vous êtes notre invitée la plus populaire chaque fois que vous venez. Vous devriez envisager de devenir chroniqueuse permanente. Nous aurions bien besoin d’une spécialiste des renseignements.

Elle esquissa un petit sourire et réprima un frisson. Oh, certainement pas. Elle ne faisait ces apparitions sporadiques que sur conseil de son avocat et de son consultant en sécurité personnel. Un ancien agent de la CIA à l’identité publiquement dévoilée faisait une cible de choix en toutes circonstances. Mais un agent qui avait dénoncé tout un comité sénatorial corrompu ? Clairement, elle n’était qu’une morte en sursis.

Son instinct lui dictait de faire profil bas, de se mettre à l’abri quelque part et d’attendre que la tempête se calme. Ryan Hayes, l’avocat du gouvernement chargé des poursuites, et Jake West, son gourou de la sécurité, l’avaient convaincue de faire exactement le contraire : interviews dans la presse, apparitions télévisées, gros contrat pour un livre. Tout était conçu pour qu’elle reste dans l’œil du public, selon le principe que le meurtre d’une personnalité en vue représentait un risque trop important pour les nombreuses personnes puissantes qui souhaitaient sa mort.

Parfois, cependant, elle rêvait de tenter sa chance, si cela pouvait lui permettre de retrouver une vie privée tranquille. Après le procès, peut-être, se disait-elle. Elle pourrait se terrer à Shenandoah Falls, s’asseoir au bord du lac et regarder les feuilles changer de couleur.

Elle prit conscience que Cade attendait sa réponse à une question qu’elle n’avait pas entendue.

— Excusez-moi, vous pourriez répéter ? demanda-t-elle en clignant innocemment des yeux.

— J’ai dit : que pensez-vous de la rumeur selon laquelle nous sommes sur le point de négocier un accord de paix avec Boko Haram ?

Elle se renfrogna.

— Je suis désolée, quoi ?

— Ne plissez pas votre visage, Olivia. Si vous voulez un avenir à la télévision, évitez de creuser vos rides.

En guise de preuve, il désigna son propre front parfaitement lisse.

Elle détendit aussitôt ses traits.

— D’accord, merci. Bon, que disiez-vous sur Boko Haram ?

— Eh bien, je ne connais pas les détails. Mais je pensais que vous le sauriez. D’après la rumeur, il y a une trêve en préparation et l’armée américaine est au cœur de l’action.

Elle secoua la tête.

— Ce n’est pas possible, Cade.

Avec un sourire triomphant, il rétorqua :

— C’est ce que j’ai dit à ma source. Impossible que notre gouvernement vienne en aide à des terroristes. N’est-ce pas ?

— En effet. Vous voulez bien me donner votre source ? demanda-t-elle en battant des cils.

Cela lui valut un grognement.

— Vous ne soutirerez pas à un homo ce genre d’informations en flirtant, Olivia. En tout cas, pas avec moi. En plus, je suis un journaliste de la vieille école. Je ne révèle jamais mes sources.

Après une pause, il ajouta :

— Vous pourriez essayer de demander à vos amis de Potomac Private Services. Ils ont peut-être entendu quelque chose.

Elle allait insister pour connaître plus de détails, mais une productrice à l’air empressé traversa le plateau et s’arrêta entre eux, pointant un doigt catégorique sur le planning affiché sur sa tablette.

Olivia quitta le studio, le cœur battant. Potomac était le dernier endroit où elle pouvait chercher des informations. Même si Jake était propriétaire de la société, elle ne le retrouvait jamais à son bureau. Elle ne l’appelait même pas là-bas, uniquement sur son téléphone portable personnel. Le risque de tomber sur Trent Mann à Potomac était trop important. Et pourtant Trent, plus que quiconque, était sûrement la meilleure source de renseignements au sujet de Boko Haram.

Trent.

Il lui avait sauvé la vie et brisé le cœur en une seule journée. Malgré sa promesse du contraire, il était sorti de sa vie sans un regard en arrière.

Elle s’était ridiculisée en l’appelant après avoir demandé le divorce à Mateo. Puis une fois de plus, lorsque les actes d’accusation étaient tombés contre le sous-comité. Et encore une fois, quand Jake lui avait appris que Trent avait détruit une voiture de course lors d’un spectaculaire accident sur la piste. Mais il n’avait pas répondu à un seul de ses appels. Alors, elle avait chassé le souvenir de cette chaleur torride entre eux pour construire une barrière protectrice autour de son cœur et se tourner résolument vers l’avenir.

Elle devait trouver un autre moyen de satisfaire sa curiosité. Parce que, cette fois, Trent Mann faisait définitivement partie de son passé.

Trent cherchait la télécommande alors que les bruits de pas dans le couloir s’intensifiaient. La pointant vers la télévision, il s’empressa d’appuyer sur le bouton, mais Jake apparut dans l’embrasure de sa porte alors que la musique de l’émission s’arrêtait.

Il adressa à Trent un sourire en coin.

— Tu rattrapes ton retard sur les derniers Political Preview, hein ?

Trent fit la grimace.

— Quoi ? Non.

— Depuis quand es-tu devenu un si mauvais menteur ? Je croyais que les agents secrets n’avaient pas leur pareil pour mener les autres en bateau.

— Primo, je ne suis plus dans le métier. Secundo, je ne mens pas, esquiva-t-il maladroitement.

Jake éclata de rire.

— Elle était plutôt pas mal, je trouve.

Plutôt pas mal était un euphémisme. Olivia avait tout de la reine des glaces. Froide, posée, élégante. Son débardeur rose faisait ressortir ses yeux bleus éclatants et mettait en valeur ses biceps toniques et bien définis.

— Oui, peut-être, répondit-il, perdu dans ses souvenirs.

Jake fronça les sourcils.

— Reprends-toi. Je voulais dire qu’elle s’en était bien sortie dans cette émission. Claire, experte, mais humble à la fois. Charmante.

Olivia était très, très charmante. Trop charmante, même.

— Elle participe à un concours de popularité dont j’ignore l’existence ? demanda Trent, goguenard.

— Et comment le saurais-tu, toi ? Apparemment, tu ne lui as pas parlé depuis ce fameux soir.

Trent détourna le regard, mais ne répondit pas.

— C’est une façon assez minable de traiter quelqu’un à qui tu tiens, si tu veux mon avis.

— Je ne te l’ai pas demandé, rétorqua-t-il sèchement.

Imperturbable, son patron et ami poursuivit :

— Si tu me l’avais demandé, je t’aurais dit que tu faisais l’idiot.

— Laisse tomber, Jake.

Ce dernier le fixa un long moment du regard, puis haussa les épaules.

— Comme tu veux. Je doute que Carla aurait voulu que tu passes le reste de ta vie comme un ermite pitoyable, mais bon, fais-toi plaisir.

— Il ne s’agit pas de Carla.

— Vraiment ?

— Non. Olivia est mariée.

— Était mariée. Elle ne l’est plus, et je sais très bien que tu es au courant.

C’était vrai. Elle lui avait laissé un message lorsqu’elle avait entamé sa procédure de divorce, et Ryan s’était fait un devoir de le prévenir quand le divorce avait enfin été prononcé. Il ne pouvait pas s’expliquer, pas même à lui-même, la vraie raison de son évitement.

Ce n’est pas tout à fait vrai, rectifia-t-il.

— J’imagine que tu n’es pas ici pour parler d’Olivia.

Jake jeta un dossier sur le bureau de Trent.

— Puisque tu es