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Un Meurtre Dans Les Alpes: Une lady mène l'enquête, #8
Un Meurtre Dans Les Alpes: Une lady mène l'enquête, #8
Un Meurtre Dans Les Alpes: Une lady mène l'enquête, #8
Ebook293 pages3 hoursUne lady mène l'enquête

Un Meurtre Dans Les Alpes: Une lady mène l'enquête, #8

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About this ebook

Un redoutable meurtrier sévit sous la neige de Saint-Moritz, un somptueux centre de villégiature . . . 

 

Suisse, 1924. Olive Belgrave, jeune femme détective, est bien décidée à profiter de ses vacances d'hiver, entre patinage sur glace et marche en raquettes, dans le décor alpin luxueux de Saint-Moritz. Ses projets sont brusquement contrecarrés par un malencontreux accident. Il devient vite évident que cet événement tragique n'était autre qu'un meurtre soigneusement maquillé.

 

Olive n'est pas femme à renoncer devant un défi de taille. Armée de son intuition affûtée et de sa connaissance de la haute société, elle a tôt fait de deviner plusieurs mobiles parmi les membres de l'élite. Il s'avère bientôt que cette affaire est l'une des plus ardues de sa carrière.

 

Parmi ses suspects figurent une célèbre alpiniste, l'étoile montante de la mode, une femme de chambre trop curieuse, et plusieurs gentlemen athlétiques qui ne semblent intéressés que par la luge, l'escalade sur glace et le nouveau sport en vogue, la descente à ski. Olive débusquera-t-elle l'assassin qui se cache, résolvant ce crime improbable avant qu'il ne soit trop tard ? 

 

Si vous aimez les polars mystérieux qui se déroulent dans les paillettes et le glamour des années 1920, vous adorerez Un meurtre dans les Alpes, le tout dernier tome de la série Une Lady mène l'enquête, par Sara Rosett, auteure de best-sellers au classement du USA Today.

 


 

LanguageFrançais
PublisherSara Rosett
Release dateJul 31, 2024
ISBN9798227883384
Un Meurtre Dans Les Alpes: Une lady mène l'enquête, #8
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Author

Sara Rosett

A native Texan, Sara is the author of the Ellie Avery mystery series and the On The Run suspense series. As a military spouse, Sara has moved around the country (frequently!) and traveled internationally, which inspired her latest suspense novels. Publishers Weekly called Sara’s books, "satisfying," "well-executed," and "sparkling." Sara loves all things bookish, considers dark chocolate a daily requirement, and is on a quest for the best bruschetta. Connect with Sara at www.SaraRosett.com. You can also find her on Facebook, Twitter, Pinterest, or Goodreads.  

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    Un Meurtre Dans Les Alpes - Sara Rosett

    CHAPITRE 1

    FÉVRIER 1924

    Yavait-il satisfaction plus forte que celle d’identifier correctement le meurtrier ?

    Je tournai la dernière page du livre et le refermai, pas peu fière d’avoir trouvé qui était le coupable avant le dénouement. Je revins à ce qui m’entourait, consciente du calme qui avait enveloppé le train. Plus de bruits de pas dans le couloir ni de bavardages à voix basse qui filtraient à travers la porte de mon compartiment, comme un peu plus tôt dans la soirée, quand je m’y étais installée avec mon roman après le dîner. Les seuls bruits étaient désormais le vrombissement des roues du train et le crissement occasionnel des wagons lorsque nous prenions un virage, en chemin pour les Alpes.

    Je repoussai les couvertures et émergeai du cocon chaud de ma couchette. La partie supérieure du lit superposé était inoccupée, alors j’avais le compartiment pour moi toute seule, un luxe que je n’avais jamais expérimenté. En fait, j’étais plutôt estomaquée de voyager dans l’Engadine Express, un train opulent au même niveau que les plus grands trains du monde comme l’Orient-Express et le Train Bleu. Quand Jasper m’avait invitée, j’étais très contente de pouvoir payer mon billet moi-même, surtout que moins d’un an auparavant, j’avais tellement peu d’argent que je ne pouvais me permettre que des petits pains à deux pennies. Dieu merci, j’avais réussi à payer de ma poche. Je n’aurais pas pu accompagner Jasper autrement. J’étais peut-être une jeune lady moderne, une travailleuse, mais je ne pouvais certainement pas le laisser acheter mon billet. Ça ne se faisait pas – du moins pas pour une jeune lady convenable.

    Je pris ma trousse de toilette, mis de la crème sur mon visage et me brossai les dents devant le petit évier dans le coin du compartiment, puis enfilai ma robe de chambre. Je regardai la montre que j’avais posée sur la petite table en bois à côté de mon lit. Je l’avais remontée en l’enlevant un peu plus tôt dans la soirée. En la portant à mon oreille, j’entendis encore un tic-tac régulier, légèrement en décalé avec le roulement des roues du train. Je la posai sous la lampe de la table, la seule lumière que j’avais demandé à garder à l’employé. Presque une heure et demie. Bon Dieu, je m’étais laissé emporter par le livre. Au moins, je n’aurais pas à attendre devant les toilettes qui se trouvaient en fin de convoi.

    La porte de mon compartiment ne s’ouvrait pas facilement. Elle s’était coincée plus tôt quand j’étais partie manger et je ne voulais pas l’ouvrir d’un coup avec un bang ! qui réveillerait mes voisins, alors je m’appliquai pour ouvrir tout doucement.

    — … nous devons profiter de notre séjour à Saint-Moritz… jamais plus une telle occasion.

    Je me figeai en entendant les mots qui portaient dans le couloir, simple murmure par-dessus le bruit du train. Il y avait quelqu’un, même s’il ne se trouvait pas dans mon champ de vision. La voix était basse et furtive. Je ne voulais pas interrompre une conversation et attrapai la poignée de la porte, essayant de fermer lentement pour attendre quelques minutes avant de quitter mon compartiment, mais une deuxième voix, tout aussi basse, répondit. La tension régnait dans les bribes de mots qui me parvenaient.

    — Est-il sage de… ? Et le corps ? Comment… débarrasser… le sol est gelé… difficile.

    Je n’osais pas bouger. Un simple crissement pouvait trahir ma présence et je savais d’instinct au fond de mon cœur que je ne voulais pas que ces deux personnes dans le couloir sachent que je les avais entendus.

    — Facile, répondit la première personne, … prévu. Il nous reste peu de temps avant le retour de l’employé… dire plus…

    Ils s’éloignèrent de moi vers l’autre bout du convoi – Dieu merci – et je distinguai de moins en moins leur conversation. Une porte s’ouvrit. Était-ce une autre porte dans cette voiture ? Je tendis l’oreille, espérant qu’ils étaient passés à la voiture suivante, mais par-dessus le rythme régulier des roues, j’entendis un deuxième clic tandis qu’une porte se fermait. 

    Je posai le front contre le vernis brillant du cadre de porte.

    — Oh, mon Dieu.

    Le lendemain matin, Jasper s’installa dans le siège face à moi, à une table couverte d’une nappe en lin, dans la voiture de restauration.

    — Bonjour, vieille branche.

    Il indiqua de la main le livre que j’avais posé à côté de mon assiette.

    — J’en conclus que tu as fini ton roman d’enquête ?

    — Je suis restée éveillée bien trop tard et maintenant, je le regrette.

    Je repoussai Le Crime du golf sur la table vers lui.

    — Je pensais que tu voudrais peut-être le lire également.

    Il prit le menu.

    — Il ne faut jamais regretter de lire jusqu’aux petites heures du matin, c’est ma devise. On dirait que c’était une très bonne lecture, si tu n’as pas pu le poser.

    — L’histoire n’est pas la seule chose qui m’a tenue éveillée. 

    Jasper retira son monocle de son œil et posa le menu.

    — Tu ne te sentais pas bien ?

    Il fit un geste de la tête vers ma tasse de chocolat chaud intacte et mon assiette qui ne contenait qu’un unique pain au fromage. Malgré le beurre suisse fondant, je n’étais parvenue à manger qu’une bouchée croustillante.

    — Je n’ai pas grand appétit.

    — Je suis désolé de l’apprendre.

    J’attendis que le serveur serve une tasse de café à Jasper et laisse un panier de pain frais, puis me penchai en avant et chuchotai :

    — J’ai entendu quelqu’un parler de meurtre.

    Jasper s’étouffa avec son café et tapota son menton avec sa serviette.

    — De meur… ?

    Des personnes tournèrent la tête vers nous en entendant son ton incrédule. Il reprit à voix basse :

    — De meurtre ? Tu es sûre ?

    — Presque sûre. Je n’ai pas pu penser à autre chose depuis une heure et demie du matin et je ne sais pas de quoi d’autre ils auraient bien pu discuter.

    — Ils ?

    — Oui, deux personnes.

    Je lui décrivis comment j’avais été amenée à entendre des voix dans le couloir devant mon compartiment, puis ajoutai :

    — Une personne a dit qu’ils devaient profiter de la situation pendant qu’ils étaient à Saint-Moritz. Je ne les ai pas vus, et ils ont parlé à voix basse, mais j’entendais quand même leur conversation. La première personne a évoqué l'idée de profiter de la situation, mais la deuxième ne semblait pas d’accord et a protesté « Et le corps ? ».

    Jasper coupa un pain en deux.

    — Cette conversation ne veut pas forcément dire meurtre.

    Il se concentra sur le beurre qu’il étalait à l’intérieur du pain.

    — Peut-être que tous ces … hum, incidents récents, dirons-nous, autour de la mort a altéré un petit peu ta perception ? Ces gens auraient pu parler d’un corps vivant ou d’autre chose.

    Je ne pouvais pas me fâcher contre Jasper, car quand il leva les yeux, je n’y vis que de l’inquiétude.

    — J’aurais préféré – vraiment. Et j’admets que je n’ai pas pu tout entendre, mais je sais que la deuxième personne a parlé de se débarrasser de quelque chose. Et je suis sûre d’avoir entendu les mots sol gelé et difficile.

    Jasper posa son couteau.

    — C’est vrai que c’est de mauvais augure.

    — Je suis d’accord. Je ne vois pas comment l’interpréter autrement.

    — Non, tu as raison, vieille branche. Désolé d’avoir douté de toi. As-tu une idée de qui cela aurait pu être ? Il n’y avait pas d’accent ou de façon distinctive de parler ? Une voix rauque ? Aiguë ? Nasale ?

    — Non, ils parlaient trop bas. Je n’ai pas pu distinguer grand-chose. Une personne avait une voix plus aiguë et l’autre plus basse, ce qui me pousse à penser que c’était un homme et une femme.

    Je regardai autour de moi dans la voiture remplie de passagers. La lumière du jour se reflétait sur les théières en argent et les murs en acajou verni. Le léger tintement des tasses en porcelaine qu’on repose sur leur soucoupe et le murmure des conversations polies imprégnaient l’atmosphère.

    — Ça semble si peu probable, mais comme tu l’as dit, après les récents évènements, j’ai appris à ne pas me laisser tromper par les apparences.

    Jasper posa son pain et regarda autour de lui discrètement.

    — Et on dirait que quelqu’un dans ce train a des intentions meurtrières.

    CHAPITRE 2

    — J e pense qu’il serait approprié d’informer une personne d’autorité, mais je ne sais pas qui cela pourrait être dans ce train. J’imagine qu’une fois à Saint - Moritz , je devrais le signaler à la police. Mais à part le fait que j’ai entendu deux bruits de portes, ce qui indiquerait que les deux personnes étaient dans la même voiture que nous, je ne peux pas dire grand-chose de plus.

    Je scannai les occupants de la voiture de restauration. Je n’avais pas beaucoup prêté attention aux autres passagers du train, mais je ne pouvais m’empêcher de les étudier maintenant, me demandant si deux d’entre eux étaient les personnes dans le couloir cette nuit. Une femme au milieu de la quarantaine était assise à table en face de nous, de l’autre côté de l’allée. Je la reconnaissais. J’avais vu sa photo dans les journaux quand j’étais petite. C’était Amy Ashford, une lady alpiniste qui avait grimpé un grand nombre des pics des Alpes.

    L’article m’avait fait forte impression. À l’époque, je n’aurais jamais songé que les ladies pouvaient réaliser ce genre d’accomplissements. Escalader des montagnes était considéré principalement comme un sport masculin, mais sa verve et son énergie transparaissaient dans l’article. Quand le journaliste lui avait demandé pourquoi une lady comme elle voulait gravir des montagnes, elle avait répondu : « Pourquoi pas ? Pourquoi les ladies ne participeraient-elles pas à ce sport ? Les montagnes ne sont pas uniquement le domaine des hommes. » Tout l’article avait résonné en moi et encore à cet instant, je m’en souvenais.

    Jasper remarqua mon regard et je lui demandai :

    — Tu la reconnais ?

    — Bien sûr. C’est Mrs Ashford, la fameuse alpiniste.

    — C’est dur de croire qu’elle pourrait avoir un rapport avec ce que j’ai entendu hier soir.

    Mrs Ashford portait un tailleur de voyage en tweed vert et un chapeau tyrolien accordé doté d’une plume rouge. Même si ses cheveux bruns étaient au carré, quelque chose dans le style de ses vêtements – l’ourlet plus long aux chevilles – et sa posture redressée indiquait qu’elle avait plus en commun avec les Victoriens que ceux du nouveau siècle.

    Le serveur remplit de café la tasse de Mrs Ashford et elle lui sourit, exposant une dentition de travers.

    Un éclat de rire éclata d’une autre table, où quatre personnes petit-déjeunaient ensemble. Mrs Ashford se tourna dans cette direction et son sourire disparut. La désapprobation traversa son visage tandis qu’elle observait le groupe.

    Un jeune couple était assis d’un côté de la table. La femme avait probablement dans les vingt-cinq ans, des cheveux dorés et brillants qui bouclaient sous le rebord de son chapeau, accordé à son tailleur de voyage rose pâle. Comme Mrs Ashford, elle portait un chapeau tyrolien, mais si Mrs Ashford avait l’air d’avoir acheté le sien dans un magasin alpin d’un village du coin, j’étais sûre que cette jeune femme de l’autre côté de la voiture avait trouvé le sien à Paris. Il avait cette élégance en plus que seul un chapelier expert pouvait atteindre.

    La blonde était une beauté, avec un teint crémeux, des lèvres rouge cerise, des sourcils épilés pour former une arche parfaite et des yeux bleu pâle. Son compagnon avait nonchalamment posé son bras sur le dossier de sa chaise. Il tenait une cigarette dans son autre main et soufflait des ronds de fumée dans l’air, au-dessus de ses cheveux brun foncé. Il était habillé d’une tenue décontractée du genre popularisé par le prince de Galles, un tricot jacquard à motif par-dessus une chemise. Avec son visage aux mâchoires carrées et ses épaules larges, il avait l’air prêt à poser pour une publicité de voyage Thomas Cook & Son – tel un robuste randonneur, une longueur de corde enroulée sur l’épaule, debout, les jambes bien campées sur un rocher à surveiller la montagne.

    Deux hommes plus jeunes étaient assis face au couple, chacun avec une tignasse de cheveux blonds et des taches de rousseur. Ils se ressemblaient tellement que je me demandai s’ils étaient frères. Leur expression était identique. Tous deux regardaient l’homme face à eux, les yeux écarquillés, admiratifs.

    — Mrs Ashford n’a pas l’air ravie de ce groupe de quatre. Tu les connais ? demandai-je en buvant une gorgée de mon chocolat chaud.

    Jasper se tourna l’air de rien et observa la voiture derrière lui avant de se retourner vers moi.

    — Les deux jeunes hommes d’un côté de la table dorment dans un compartiment proche du mien. Je les ai rencontrés hier. Ils vont à Saint-Moritz pour escalader des cascades de glace. Ils s’entraînent avec l’homme en face, M. Lavington. Apparemment, c’est un expert dans l’escalade sur glace et l’alpinisme en général. J’ai cru comprendre que les jeunes hommes étaient plutôt impressionnés par lui. L’un d’eux s’appelle Blinkhorn – celui assis côté allée, je crois. Ils se ressemblent, hein ? Ils pourraient être jumeaux, mais leurs noms de famille sont différents. L’autre s’appelle… laisse-moi réfléchir. Ah oui, Ignatius Hale. Si tout se passe bien, ils prendront tous les trois d’assaut l’Everest dans le futur.

    — Connais-tu la jeune femme ?

    — C’est l’épouse de M. Lavington, Emmaline. Je ne lui ai pas parlé dans le train, mais je me rappelle son entrée dans la société, avant son mariage.

    — Je suis sûre que tu avais rempli ton devoir et dansé avec elle.

    — Oui. Elle faisait sensation. Plusieurs jeunes hommes étaient fous d’elle.

    — Je comprends pourquoi. Elle est très jolie. Elle ressemble à une poupée de porcelaine fragile.

    — De l’extérieur, certainement, mais à l’intérieur, elle est plutôt capricieuse et gâtée.

    Je haussai les sourcils.

    — Jasper ! Ça ne te ressemble pas d’être aussi critique.

    — La vérité est souvent déplaisante. Si tu passes du temps en sa compagnie, je suis sûr que tu seras d’accord. Elle était invitée à une partie de chasse à laquelle je me suis rendu l’année dernière, en Écosse. Emmaline et plusieurs autres ladies sont venues dans les landes avec nous un jour. Rien, absolument rien, n’était agréable avec elle et elle s’assurait que tout le monde le sache. Le temps, la nourriture, la vue, ses chaussures. Rien n’était à son goût. Elle a même renvoyé un domestique à la villa pour lui rapporter une nouvelle paire de chaussures.

    — Aucune retenue alors ?

    — Certainement pas.

    — Je me demande quelle personne Mrs Ashford désapprouve. Elle a encore un regard noir quand elle leur jette un coup d’œil.

    — C’est peut-être simplement qu’ils font trop de bruit.

    La voix d’Emmaline porta jusqu’à nous :

    — Cessez de parler de cordes et des mérites de ci par rapport à ça. Et arrêtez ces débats interminables sur l’oxygène d’appoint. Vous les garçons, vous êtes vraiment trop, trop ennuyeux. Dites-moi, que comptez-vous faire d’autre à Saint-Moritz à part grimper ?

    Elle attendit un instant et reprit :

    — Allez, il doit bien y avoir quelque chose.

    Son mari répondit d’une voix traînante, mais polie :

    — Ma chérie, laisse-les tranquilles. L’escalade est la raison de leur venue à Saint-Moritz. Comme toi avec les boutiques.

    Elle lui tapota la joue.

    — Et tu fronceras les sourcils et grogneras sur le prix, comme toujours.

    Elle regarda de nouveau les jeunes hommes en face.

    — Ben est assez pointilleux sur les budgets et le fait de s’y tenir. C’est pénible.

    Un autre couple entra dans la voiture de restauration. La femme portait un tailleur austère bleu marine. Ses cheveux bruns bouclés contrastaient avec sa peau pâle. Son compagnon, lui, avait des cheveux roux clairsemés, un teint rougeâtre et la silhouette corpulente d’un homme qui avait jadis été musclé et qui prenait désormais des rondeurs au ventre. Contrairement aux autres hommes de la voiture, en tweed, pulls ou vestes élégantes, il était vêtu d’un costume à rayures avec une chaîne en or accrochée à sa veste. Il suivit d’un pas lourd le serveur vers une table, mais la femme s’arrêta et se précipita vers le groupe.

    — Emmaline !

    Je pus voir l’expression sur le visage de Mrs Lavington quand elle entendit son nom. Elle écarquilla les yeux et le coin de ses lèvres redescendit pour un résultat qui ne pouvait exprimer que l’irritation. Elle jeta un regard discret à son mari avant de prendre son sac à main. Quand la femme aux cheveux bruns arriva à la table, les trois hommes se levèrent. Mrs Lavington resta assise et sortit une cigarette d’un étui avant de lever les yeux.

    — Je pensais qu’on ne vous verrait pas avant d’arriver à Saint-Moritz, lança la brune avant d’agiter la main à l’attention des hommes. Oh, asseyez-vous. Je ne me suis qu’arrêtée un moment pour dire bonjour.

    Elle avait de petits yeux rapprochés, des cils épais et des lèvres fines. Ses habits étaient d’une très grande qualité. Elle avait renoncé au chapeau tyrolien et portait un chapeau cloche avec un rebord rond inhabituel qui plongeait au-dessus d’un de ses yeux. Je n’avais jamais vu ce style et il rivalisait avec le chapeau de Mrs Lavington pour son panache exquis. Je pouvais entendre la voix de ma belle-mère Sonia décréter que, malgré ses beaux atouts, la brune n’arrivait pas à la cheville de son amie élégante.

    Les hommes se rassirent et Mrs Lavington répondit :

    — Je ne savais pas que tu serais à Saint-Moritz, Hattie.

    Jasper et moi ne pouvions nous empêcher d’entendre la conversation. Seule une table nous séparait du groupe.

    — Robbie et moi prenons un peu de vacances, expliqua la brune. C’est difficile de l’arracher de la banque, mais j’ai réussi. La mère d’une amie m’a dit que vous y alliez aussi, ce qui est parfait. Nous avons beaucoup à nous dire.

    La dernière phrase contenait un certain tranchant. Jasper le remarqua et haussa un sourcil.

    — Oui, il y a quelque chose qui cloche, commentai-je à voix basse.

    Mrs Lavington se pencha vers la flamme du briquet que son mari lui tendait.

    — Si l’on se croise, nous ferons ça. Saint-Moritz est assez fréquenté à cette époque de l’année.

    — Oh, ne t’inquiète pas. Je te contacterai.

    Ses mots sonnaient comme un défi.

    J’étudiai la brune qui avançait dans l’allée jusqu’à la table où l’homme – son mari ? – lui écartait une chaise. Je repris mon chocolat. Il était à peine chaud maintenant, alors je le reposai, mon attention toujours rivée sur la table des Lavington.

    — On dirait que le groupe de quatre s’en va.

    Les Lavington et les deux jeunes hommes repoussèrent leurs chaises. Mrs Ashford remarqua le mouvement et quitta en vitesse la voiture de restauration.

    Mrs Lavington passa près de notre table en fouillant dans son sac.

    — Oh, mince. J’ai laissé mon étui de cigarettes à table. Non, ne m’attendez pas, ajouta-t-elle à son mari. J’arrive tout de suite.

    Elle retourna à la table et les trois hommes quittèrent la voiture. En revenant sur ses pas, son regard tomba sur Jasper et elle marqua une pause.

    — Jasper Rimington ! Cela fait une éternité que je ne vous ai pas vu. Comment allez-vous ?

    Jasper se leva.

    — Très bien, merci. Et vous ?

    — Je vais bien. Très bien. Êtes-vous en chemin pour Saint-Moritz ?

    — Oui. J’ai hâte de passer quelques jours en montagne.

    — Nous aussi. Comme c’est bien.

    Son regard dévia vers moi.

    — Est-ce Miss Ravenna ?

    Il y avait un soupçon de malice dans ses mots. Elle faisait référence à la fameuse actrice de théâtre dont le nom était souvent lié à celui de Jasper dans les rubriques people des journaux.

    — Oh, non, corrigea Jasper, toujours imperturbable. Laissez-moi vous présenter. Voici miss Olive Belgrave. Olive, je te présente Mrs Lavington.

    — Comment allez-vous ? demandai-je.

    Elle ne donna pourtant pas la réponse attendue et en entendant mon

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